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Visite chez les Iban : Anciens coupeurs de têtes
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Nous avons passé 2 jours et une nuit avec ces anciens coupeurs de têtes. Arrivée en pirogue, unique moyen pour accéder à ce peuple de chasseurs.

Nous avons découvert leurs coutumes, habitats (longhouse), ainsi que la chasse à la sarbacane. Le soir nous avons participé à une fête traditionnel avec repas copieusement arrosé de bières et d'alcools de riz. La nuit fût particulièrement agitée car nous étions uniquement protégés par une moustiquaire et entre très gros insectes volants et araignées de la taille d'une migale ce n'était pas pour être très rassurant.

Le peuple Iban : Ethnie proto-Malaise de la côte de Bornéo. Les Iban vivent le long de la côte de Sarawak dont ils constituent, dans les années 1990, 30 % de la population, soit 500 000 personnes environ, et appartiennent au groupe ethnique des , Dayak ou Dyal. Ils sont, par suite d'une confusion due aux Européens, souvent nommés «Dayak de la mer».
Vivant sur un territoire distinct de celui des Dayak proprement dits et séparés de ces derniers par la rivière Sadong, les Iban sont formés de sous-groupes : Saribag, Skrang, Undup, Ulu Ai, Lemanak, Balau et Sebuyan. Concentrés autrefois dans la proche région entourant Sarawak, à la frontière de l'actuel sultanat de Brunéi, les Iban se sont répandus dans toute l'île de Bornéo. Si les différents groupes Iban ont un même système religieux et usent des mêmes rites, leur langue, bien que commune, présente quelques différences secondaires ; l'anthropologue
Raymond Kennedy la relie au vieux malais qui était encore parlé à Sumatra avant l'expansion de l'islam et la distingue nettement des autres langues parlées à Bornéo.

Les Iban viendraient de Sumatra, d'où ils auraient émigré pour chercher des terres cultivables ; l'émigration se serait accompagnée de conflits armés, de la réduction en esclavage de tous les vaincus et d'une chasse aux têtes, dont la pratique n'a cessé qu'en 1920. Sédentarisés, les Iban travaillent aujourd'hui dans les plantations d'hévéas et sont christianisés. Les Iban habitent de «longues maisons» contenant de dix à quatorze cellules d'habitation (chacune abritant une famille) établies sur pilotis. Ces constructions présentent une galerie centrale qui sert de lieu de rencontre et d'aire pour les cérémonies. Les champs étant souvent fort distants des habitations, les Iban édifient des abris provisoires dans leurs raï et y séjournent une grande partie de l'année. L'économie repose à la fois sur les produits de la forêt et sur la culture du riz ; traditionnelle, celle-ci s'opère sur brûlis, pratique à laquelle est lié le respect de divers tabous ; autrefois, selon Freeman, un sacrifice humain inaugurait le début de chaque cycle agraire. Utilisé deux ans, chaque brûlis est laissé ensuite vingt ans en jachère. Si le riz gluant sert, outre sa consommation directe, à faire de la bière de riz, concombres, citrouilles et gourdes font office de cultures d'appoint. La chasse (cochons sauvages, en particulier) et la pêche apportent un complément appréciable, les chiens et les poulets servant plutôt aux sacrifices. L'artisanat Iban se concentre dans la production de tissages, de canots de guerre fort décorés et dans une métallurgie traditionnelle des plus développées. Le tatouage des hommes ainsi que l'ébrasion et le laquage des dents des adultes des deux sexes sont des activités appréciées.

Endogames et préférant se marier à l'intérieur des «grandes maisons», les Iban encouragent les relations prénuptiales ; le paiement du «prix de la fiancée» n'est pas une pratique systématique. Monogames, les Iban interdisent la polygamie ; ils tolèrent le divorce, moyennant dédommagement du conjoint. La famille, ou bilek, est la cellule de base, tous les enfants des deux sexes y jouissant d'un même droit à l'héritage. Chaque «grande maison» forme une communauté autonome dirigée par un chef, le tuai rumah.
Guerriers farouches, craints pour leurs campagnes de chasse aux têtes - qu'ils faisaient fumer pour les bien conserver -, les Iban donnaient à cette pratique une signification mythique et religieuse. Pratiquant la divination et honorant de nombreux esprits, ils se disent issus d'un même dieu, Sengalang Burong, et sont chamanistes. À la différence des corps des simples défunts, qui sont exposés sur une plate-forme immédiatement après la mort, ceux des chamanes sont mis dans des cercueils qu'on accroche aux branches d'un arbre. Un an après le décès, le corps du défunt est enseveli, une hutte de bois construite sur la sépulture et une fête des morts (gawaï autu) se déroule, réglée par de nombreuses cérémonies. Elle permet aux Iban de communier avec l'esprit des morts.