Grand carrefour commercial, routier et ferroviaire, voici une ville grouillante et bruyante, car
concentrée autour de sa gare des bus. On la visite essentiellement pour son fort qui surplombe la vieille ville, et plus encore pour
son exceptionnel sanctuaire situé à 8 km du centre, sur l'îlot de Srirangam. Une cité agitée donc, à l'image de son glorieux passé.
Tout le monde voulu s'emparé des lieux; le Chois d'abord, puis les Nayak prirent le pouvoir et y installèrent leur capitale. D'autres
leur succédèrent, et ce jusqu'aux Anglais et même aux Français. Bref, ça n'a pas dû être des vacances tous les jours! Les sites à
visiter, vraiment remarquables, ne parviennent pourtant pas à rendre la ville attachante.
Srirangam Temple : Sur un îlot, une
nouvelle et époustouflante preuve de la façon dont les hindous mélangent le profane et le sacré, leurs dieux - ici Vichnou - et leurs
commerces en tout genre.
L'édification de cet ensemble exceptionnel couvre plusieurs siècles. Entamé au Xe siècle, les derniers apports
datent de la fin du...XXe siècle!
Le sanctuaire, au centre, est la partie la plus ancienne. Le reste s'est développé petit à petit,
tout autour. Différentes dynasties mirent la main à la truelle : Chola, Nayak, Pondiya, Vijaya, Nagara. Il existe trois entrées (sud,
nord et est), 21 gopuram (dont trois ne furent jamais terminés) et sept enceintes, complètement imbriquées les unes dans les autres.
Les trois premières enceintes sont extérieures au sanctuaire, les quatres autres situées à l'intérieur. En traversant les trois premières
murailles, on s'aperçoit que le temple est un véritable lieu de vie. Il abrite un bazar coloré et animé, des boutiques, et des mendiants
y ont élu domicile. Le coeur du temple, le golden temple, est interdit aux non-hindous.
Bon en voici les points forts : la visite s'effectue
généralement depuis la porte sud. Là, un énorme gopuram, haut de 73 m, vous acceuille.
Il date de la fin du XXe siècle et, comme la
plupart des autres, a été ripoliné en 2000 avec un lot de couleurs bien fortes. A partir de la quatrième enceinte, on pénètre dans
la partie élevée au XVIe siècle. A l'entrée du large porche, deux grands Yali (dragons): tête de lion, corps de cheval, queue et pattes
de vache et trompe d'éléphant. On vous laisse deviner à quel animal appartient le sexe. Aller au View point et grimper sur cette terrasse
permet de réaliser la taille de ce temple et d'admirer l'ensemble des enceintes et des gopuram. Toujours au niveau de la quatrième
enceinte, petit Art Museum : tout petit musée, abritant pourtant de précieuses collections de sculpures sur ivoire, fort rares. Splendides
oeuvres du XVIIe siècle évoquant les principales divinités. Travail étonnant! Plusieurs scènes tendres.
On peut, sur la gauche après
le gopuram, admirer le petit temple de Venugopala, le plus beau du complexe, élevé au XIIIe siècle et dédié à Krishna berger, jouant
de la flûte. Murs décorés de superbes hauts-reliefs, qu'on peut admirer de près et à hauteur des yeux. Sur le flanc sud, on y voit
en vrac une femme timide, une bergère jouant de la cithare, une autre qui danse. Flanc nord, une femme face à son miroir. C'est une
des 108 poses de la danse carnatique.
La cinquième enceinte (du XVIe siècle également) abrite sous un vaste mandapa de 212 piliers
un temple dédié à Garuda, la monture de Vichnou. Au coeur du sanctuaire, immense sculpure de Garuda justement, auprès de qui
les pélerins viennent se faire bénir. On atteint l'entrée du sanctuaire, inaccessible aux non-hindous. Sachez seulement qu'il abrite
un Vishnou allongé de 6,40 m, but du pélerinage. Passer derrière le sanctuaire, en le contournant par la gauche. Là, noter la très
colorée porte du Paradis, qui n'est ouverte que neuf jours par an. Au bout du couloir qui part en face, à terre, deux traces de pieds
et cinq trous pour les doigts. C'est dans cette position, en se penchant vers la gauche, que l'on doit regarder cette porte du Paradis.
A proximité, le petit temple de Laksmi (femme de Vishnou), au beau plafond peint. En face de la porte nord, temple de la quatrième
Réincarnation ( de Vishnou), avec des fresques du XVIe siècle, repeintes dans les années 1960 (couleurs un peu hallucinantes!). Au
niveau de la porte est : ce gopuram, appelé la porte Blanche, est le seul à ne pas avoir été repeint de manière colorée...sinon son
nom aurait perdu tous sens. A noter juste à côté le mandapa aux Mille Colonnes ( en fait 953), véritable forêt, absolument fantastique,
mais uniquement accessible pendant le VaVaikumda Ekadesi (festival). De l'autre côté, beau mandapa où apparaissent en façade huit
colonnes sculptées de chevaux évoquant la dynastie des Vijayana Nagar (XVIe siècle). Huit chevaux dressés, combattant âprement les
tigres, symbolisent les musulmans avec qui ils étaient en guerre.